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Julie Faure : "Je serai de retour aux Interclubs"

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Photo Charente Libre

 

Quand tu te blesses aux championnats de France, est-ce que tu comprends tout de suite que c'est grave ?

Julie Faure : "Sur le coup, je savais que c'était assez grave, parce que je ne pouvais plus ni marcher, ni poser la jambe. Et directement à chaud. J'ai été pris en charge par le staff médical et je ne pouvais même plus bouger. Un énorme hématome est arrivé. J'ai vite compris que ce n'était pas une petite blessure. 

Il y avait des douleurs avant, où c'est arrivé sans "prévenir" ?

Deux semaines avant les championnats de France, lors d'un entraînement, j'ai ressenti cette petite douleur. Qui s'est intensifiée au fur et à mesure des entraînements. Avant la compétition, j'avais vraiment mal. Mais je me dis qu'il faut bien récupérer, masser. Je faisais mes séances de kiné, en espérant que cela passe le jour J. Avant même les séries, lors de l'échauffement, j'ai mal. Et je cours avec la douleur, malgré mon record battu. Je n'étais pas au maximum. Et à l'échauffement en finale, impossible de m'échauffer, j'avais trop mal. Mais c'est une finale des championnats de France, donc j'ai voulu courir. Et cela a lâché...

C'est assez traitre, car la douleur fait partie du haut-niveau. Tu ne peux pas t'arrêter à la première douleur

On se dit que cela va jouer au mental. Mais quand le corps n'est pas prêt et veut dire stop et bien je n'ai pas su écouter les signaux.

Tu as des regrets ou si c'était à refaire, tu refais tout pareil ?

Franchement, je regrette. Si c'était à refaire, je fais forfait en finale. Mais c'est un apprentissage que je saurai pour la prochaine fois. Et la prochaine fois, je m'arrêterai. 

On parle beaucoup de douleur physique, mais est-ce que cela a été encore plus dur mentalement ?

Oui et non. Au début, cela a été très dur physiquement et que c'était au-dessus de l'aspect mental. Physiquement, quand tu as mal, tu as vraiment mal. C'est après que cela a été plus dur mentalement. Après l'opération, car tu te dis que tu en as pour six mois. Le processus est long et c'est difficile de se projeter. 

C'est vrai que dans le cadre d'une fracture/entorse, on sait où on va. Ta blessure est plus méconnue et complexe ?

C'est une blessure plutôt rare, au niveau de l'insertion du tendon et des ischios-jambiers. Pourtant, nous avions bien renforcé ce muscle, avec Aurélien. On avait bien bossé et j'étais très forte sur cet aspect-là. J'ai peut-être eu une compensation.

On est trois mois après la compétition, est-ce que tu as appris des choses sur toi-même, depuis le début de ta convalescence ?

 

Oui, j'ai pu développer ma patience (rires). J'ai surtout appris à savourer chaque victoire physique ou mentale. Pouvoir remarcher, refaire des exercices. J'ai pu recommencer à courir. Ce sont des petites victoires. Auxquelles s'ajoutent des petites victoires de patience. 

 

Comment vas-tu aujourd'hui ?

 

Je vais bien, j'en suis à la moitié de ma récupération. J'ai fait le plus dur et je me projette vers le futur. Je vais partir à Capbreton et je sais que cela va me faire du bien. J'essaie d'avoir des pensées plutôt positives, là où ces derniers mois, j'ai eu pas mal de pensées négatives. Mais j'ai réussi à me reprendre. 

 

Tu évoques ces pensées négatives, c'est vraiment la pire période d'un sportif.

 

Tu te dis que tu ne vas jamais retrouver ton niveau. Que tout est hyper lointain. 

 

Et à l'inverse, quelles pensées positives gardes-tu en toi actuellement ?

 

Que c'est bientôt le retour à la compétition que je peux recourir. Cela va être une étape dans mon processus. Je vois que j'arrive à faire de plus en plus de choses. J'en suis à la moitié et il m'en reste la moitié. Et cela va le faire.

 

À l'heure de l'interview, qu'est-ce que tu as le droit de faire et de ne pas faire ?

 

J'ai le droit de faire de la muscu du haut du corps, le droit de faire du vélo elliptique et de la natation. J'ai beaucoup nagé. Et quand je suis chez le kiné, ce sont plus des exercices de gainage et de proprioception. On a commencé à faire du renforcement de quadriceps, via de la presse. Je recommence à faire des choses qui vont ressembler à de l'athlétisme. Un lien avec mon parcours. 

 

Tu as pensé à arrêter l'athlétisme ?

 

Juste après ma blessure, franchement oui. Je me suis dit que je n'avais pas de chance. Je tombe, ensuite j'ai une grave blessure. J'en avais marre. Mais la passion de l'athlétisme revient très vite. On voit, à travers les JO ou Méta Tumba aux mondiaux, que ce sport est beau et que c'est ma passion. Et que je me battrai pour retrouver mon meilleur niveau.

 

Tu as pu échanger avec des athlètes qui se sont blessés gravement ?

 

Sur ma blessure spécifique, j'ai pu échanger avec une triple sauteuse de Paris, qui a eu exactement le même problème. Elle m'a expliqué ses sensations. Et c'est marrant, car elle a ressenti des choses que je n'ai jamais ressenties et inversement. Elle m'a expliqué Capbreton, comment cela se passe et comment elle l'a vécu. C'est un vrai plus et elle m'a vraiment rassuré sur ce type de blessure. 

 

Tu vas vivre avec d'autres sportifs en rééducation, du côté de Capbreton. Tu as de l'appréhension ou de l'impatience ?

 

J'ai vraiment hâte d'y être, parce que le fait d'être avec d'autres sportifs va me permettre d'apprendre d'autres choses et d'être au contact d'autres sportifs. Dans un monde sportif. Cela va être une vraie réathlétisation pour me remettre en forme. 

 

Est-ce que, quand tu fais un exercice, tu as cette crainte de la douleur ?

 

Au début oui, quand on recommence à marcher ou à faire des exercices. Tu te dis que ce n'est pas normal ces petites douleurs. Mais il faut reconstruire le muscle et la préparation physique autour de cela. Aujourd'hui, je n'ai plus de craintes. Mais la douleur peut aussi se situer au niveau mental. Par exemple, quand j'ai su que j'allais recourir, mon cerveau s'est crée de petites douleurs. C'est presque mignon, mais ce sont de vieilles douleurs mentales. Mais je parle beaucoup avec mon kiné (Eric Raymond), sur ce que je ressens. Et il n'y a pas de questions bêtes.

 

On imagine que tes encadrants ont ce rôle de te rassurer ?

 

Oui

 

Est-ce que tu as planifié ton retour à la compétition ? Tu as une date précise ?

 

C'est encore assez flou. Je sais que je ne ferai pas de saison hivernale. Le retour à la compétition, je pense le faire lors des Interclubs. 

 

T'es-tu quand même fixée des objectifs pour cet été ?

C'est un mix entre objectifs et prudence. Mais j'aimerais quand même retrouver mon meilleur niveau. Refaire une performance "N1". J'avance un peu dans le flou, je ne sais pas comment je vais ressortir de cette blessure d'un point de vue physique. Même mentalement, je ne sais pas comment je vais aborder les compétitions. Les Interclubs vont être une base pour la suite de la saison. Je saurai mon vrai niveau et les différents axes de travail. 

Est-ce que tu as pu travailler d'autres choses que tu n'aurais pas pu travailler en temps normal ?

Je me suis consacrée pleinement à mes études. En mettant le paquet. J'ai plein de dossiers à rendre et par rapport à mes copains, je suis en avance (rires).

Ça a été une échappatoire ?

Clairement oui, cela permet de penser à autre chose. Et comme je fais des études dans le sport, j'ai quand même un lien avec ma pratique. C'est vraiment bien. Je me suis énormément documenté sur les étirements et la mobilité que je peux faire plus tard. Vu que j'ai du temps, je suis actuellement en stage avec Nicolas et Aurélien. Je coache un peu la section sportive. J'ai un oeil extérieur sur leur pratique, qui me permet d'apprendre de nouvelles choses. 

C'est un conseil que tu peux donner à quelqu'un qui s'est blessé ?

Oui, il faut vraiment occuper son esprit, sans trop se focaliser sur notre état actuel et la douleur. Ce n'est pas facile à gérer. Il faut cultiver notre esprit au maximum. Via autre chose. J'ai également pu travailler mon anglais, car je ne parle pas anglais. Et là, comme j'ai dit, je me documente énormément sur l'athlé et sur ce qu'on peut travailler.

Cette blessure est arrivée pendant les grandes vacances. As-tu pu quand même profiter de ton été ?

J'ai été en béquilles pendant deux semaines. J'ai pu remarcher, mais il faut savoir que ma blessure a été mal diagnostiquée au début. Je n'ai su que trois semaines après, quand on m'a rappelé. Ceux qui gèrent mon IRM, m'ont dit qu'ils étaient peut-être passés à côté de quelque chose. Ils pensaient à la base à une déchirure du grand adducteur. On m'a rappelé pour me dire de refaire une IRM. Et le diagnostic est tombé. On me parle d'opération, sauf que le chirurgien était en vacances. Tout a été retardé et j'ai perdu un mois. Au début, vu que je ne pouvais pas bouger, je n'ai pas trop pu profiter. Quand j'ai su que j'allais me faire opérer et que c'était dénoué, j'ai pu profiter. Je suis allée à la plage et à la montagne. De faire un maximum de choses avant cette opération. Je pouvais marcher sans douleur, donc cela a limité la casse.

Propos recueillis par Etienne GOURSAUD

Etienne.Goursaud@gmail.com

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