Antoine Villechenaud : "C'est beaucoup d'émotions"

Entretien avec Antoine Villechenaud, qui a réalisé une superbe performance en abaissant son record de plus de deux minutes ce dimanche, lors du mythique marathon de Paris. Amenant sa nouvelle marque en 2h18:37. Entrant dans le cercle fermés des Charentais qui sont passés sous les 2h20 sur cette distance. Il revient sur la course, comment il s'est senti durant le parcours, les émotions ressenties à la vue de sa performance. Mais aussi ses objectifs futurs.

 

Est-ce que tu as bien récupéré de ta course ? 

 

Antoine Villechenaud : "Franchement, ça va. Hier, j'avais un peu de courbatures, un peu mal aux jambes, mais dans l'ensemble ça va. J'ai eu une petite migraine aujourd'hui, mais c'est le contrecoup du voyage et de la fatigue accumulée. Mais ça va. 

 

Pourquoi avoir choisi Paris ? C'est un marathon difficile 

 

J'ai choisi Paris pour plusieurs choses. Déjà, c'est un très beau marathon, dans une des plus belles villes du monde. Avec une première partie qui est incroyable aux Champs-Elysées, une arrivée qui est folle. Dans un second temps, je voulais me tester sur un marathon printanier, voire ce que cela donnait en sortie d'hiver. Chose que je n'avais pas encore faite. Puis Paris, ce n'est pas un déplacement hyper loin. En termes de visibilité, c'est relativement intéressant. Il y a toujours du beau monde, une ambiance incroyable. C'est sûr que le parcours n'est pas le plus rapide d'Europe on en est tous conscients. Mais il y a quand même des chronos qui se font. Yoann Durand a son record personnel là-bas.

 

Quelle sensation as-tu ressentie quand tu as vu, au 30e kilomètre, qui tu étais capable d'en remettre ?

 

J'avais un peu le cul entre deux chaises. À Paris, je savais qu'il y allait avoir un groupe sur 2h20, notamment avec les féminines, cela se gagne toujours dans ces eaux-là. Je voulais partir sur ses bases-là. Je savais que j'avais de la réserve et de la marge en termes de passage. Mais je savais que si je partais seul, sur les bases de 1h09, 1h09:30, j'allais laisser beaucoup de jus. Alors qu'on était en contrôle, avec les lièvres de la course féminine. Au 22e j'ai décidé d'accélérer, pour me retrouver seul. Car c'était un peu compliqué dans le groupe femmes, notamment au niveau du ravitaillement. Je pensais vraiment subir un peu plus sur la 2e partie. Bon c'était dur, on ne va pas se cacher (rires). Le fait d'accélérer, cela s'est bien passé quand même. 

 

Tu as ressenti une sorte d'euphorie ?

 

Il y a toujours cette euphorie, mais cette crainte de se demander quand est-ce que le mur va arriver. Quand je vais craquer. La particularité sur Paris, c'est qu'il y a du monde partout. On passe par 36000 émotions, j'avais trois copains sur le bord, qui avaient fait le déplacement de Limoges. Kévin (Guérin) a fait le déplacement d'Angoulême, faire le ravitaillement. Il y avait mes parents et mon frère. Cela met du baume au coeur. On passe par plein d'émotions. C'est encourageant.

 

Quand tu as vu ton chrono sur la ligne d'arrivée, qu'est-ce que tu as ressenti ?

 

Je savais qu'au 39-40e kilomètre, j'étais sur les bases de moins de 2h19. C'était assez cool d'un point de vue chronométrique. La dernière ligne droite, avenue Foch, il y avait une ambiance folle, je voyais que j'allais être sur 2h18:30 ou 40 et c'était beaucoup d'émotions.

 

Tu as déjà fait plusieurs marathons, est-ce que celui de Paris est spécial ?

 

Je suis assez novice, c'est mon 3e marathon. Valence a une atmosphère particulière, tout est mis en avant pour la performance. L'ambiance est super cool, les Espagnols sont connus pour mettre l'ambiance. Mais Paris, il y a un engouement populaire autour de cet évènement. Performance ou pas performance, les gens sont là pour vous soutenir. On passe devant plein de monuments chargés d'histoire. C'est vraiment particulier cette atmosphère. Je ne dirais pas que c'est mieux qu'ailleurs. Mais courir à Paris, c'est quand même fou.

 

On imagine qu'il y a des moments qui ont été plus difficiles que d'autres. Comment fais-tu pour gérer cette difficulté ?

 

Oui cela a été plus dur à certains moments. A l'entrée du bois de Boulogne, au 35e kilomètre jusqu'au 38e, je sentais que cela montait un peu plus. Mais même s'il y avait un peu moins d'allure, le tempo est toujours bon. On compte un peu plus les kilomètres, mais quand on calcule, on se dit qu'il ne reste qu'un quart d'heure. Et c'est quoi un quart d'heure dans toute une préparation, ce n'est rien. On s'accroche à ce que l'on peut. Mais quand les jambes répondent, c'est toujours encourageant. Mais quand il y a vraiment le mur du marathon, cela doit être plus compliqué.

 

Quels vont être tes prochains objectifs ?

 

Il va y avoir un peu de repos, avant de repartir sur un cycle de vitesse. Pour faire de la piste sur 3000 et 5000 m. C'est un moment que j'aime bien. Je n'ai pas forcément de prétentions particulières d'un point de vue chronométrique cet été. Si les jambes répondent bien après le marathon, peut-être envisager des records, cela peut être jouable. Mais ce ne sera pas l'objectif cette année. Je me consacre vraiment qu'au marathon. Il y aura un second marathon à l'automne qui sera à Valence.

 

Objectif 2h15 ?

 

Peut-être pas. Le record club n'est pas un objectif en soi. Je veux me dépasser, battre mes propres records. Après on verra. On sera plusieurs du club à être à Valence. Le record peut tomber mais peut-être que ce sera Clément qui l'améliorera lui-même.

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Etienne GOURSAUD

Etienne.goursaud@gmail.com