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Philippe Chapt : "Quand un Français était en piste, le stade tremblait"

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Philippe Chapt fait partie des juges Charentais qui ont officié aux Jeux Olympiques et Jeux Paralympiques, sur les épreuves d'athlétisme. Juge commissaire sur les courses, il nous raconte son aventure et ce mois complet de compétition dans la capitale parisienne. Un évènement unique dans une vie, même si Philippe avait officié dans de grands évènements internationaux. De l'émotion à son rôle, plongez avec lui dans ses souvenirs olympiques et paralympiques.

 

Est-ce que tu peux nous raconter ton aventure aux Jeux Olympiques et Paralympiques ?

Philippe Chapt : "Cela a été une belle aventure. Cela a commencé par les Jeux Olympiques. C'est une grande découverte. Il y avait beaucoup de monde. Beaucoup de pression également. Avec énormément de média, que ce soit télévision, la presse écrite et les photographes et la radio. Au niveau du stade, il y avait des zones interdites. Les JO ont été fatigants. Les premiers jours, on arrivait au stade dès 6 heures du matin. On a pris de la fatigue d'entrée de jeu. Car, le soir, on rentrait vers 11h minuit. Mais c'était vraiment magique. Il y avait un peu moins de pression pour les Jeux Paralympiques.

On connait ta nomination depuis de nombreux mois, mais est-ce que tu peux nous dire ton rôle sur place ?

J'étais juge de course, essentiellement sur les épreuves comme le 3000 m steeple, 5000 m, 10000 m, je m'occupais de la cloche. Sur les autres courses, j'étais commissaire de course. J'étais à l'extérieur de la piste, pour regarder les fautes sur les haies, sur le steeple. Il fallait être attentif, mais chacun avait sa zçne de travail. On était une équipe de 20 juges. Mais des épreuves demandent beaucoup de commissaires, comme les relais, le steeple voire même le 800 m. On a été mobilité sur toute la période, avec une seule demi-journée de repos.

 

Je repense au 5000 m hommes, où il y a eu pas mal de bousculade, ton rôle était aussi de savoir s'il fallait repêcher ou non les athlètes ?

 

Non. Nous, on devait signaler la faute. Ce rôle-là était pour les juges arbitres vidéos, qui prenaient la décision finale. Nous, on signale l'incident. On a vu quelque chose, mais on n'est pas sûr. On n'avait pas ce rôle de disqualification/repêchage. 

Comment étiez-vous drivés par l'organisation ?

On avait deux responsables, deux "ITO" français. On avait quatre "sous-chefs" dans chaque virage. Puis les commissaires. On avait également avec nous, une juge internationale. Tous les matins, il y avait un briefing pour les épreuves. On faisait le placement des juges. Car il ne fallait pas perdre de temps. Entre les différentes portes du stade, il y a de l'espace. Et quand il fallait faire le tour par les voies intérieures, tu fais 600 m, pour aller au 300 m sur la piste. Si tu est porte 1 et que tu dois aller porte 3, il fallait anticiper. Cela courrait dans le petit couloir (rires). 

Tu as officié lors des championnats d'Europe 2011, est-ce que, pour les JO, la pression était plus forte ?

Ah oui ! 

Dans quel sens ?

Parce qu'il n'y a pas de perte de temps. Tout est calculé et tout est à la minute près, en termes d'horaires. Aux JO, l'horaire a été tenu presque à la minute près, sans couac. Pour les JP, il y a eu un peu plus de difficultés. Mais aussi dû aux déplacements des athlètes, la chambre d'appel qui prenait plus de temps. Mais pour les JO, il fallait que ce soit à la minute. Avec une pression pour les télévisions. Et World Athlétics était là pour mettre de l'ordre.

Est-ce que tu as vu ce moment où une personne est entrée sur le stade, lors de la finale du 100 m hommes ?

Non, j'étais de l'autre côté. Mais cela a été vite géré. Au niveau des services sécurité, ils avaient doublé les effectifs pour les finales. Pour éviter un incident. 

On a beaucoup parlé d'ambiance, est-ce que c'était monumental ?

C'était phénoménal. Quand je suis entré sur le stade, avec la piste violette, cela m'a fait un drôle d'effet. Je n'étais pas loin des larmes aux yeux. On a eu deux jours de préparation, mais le jour où les athlètes sont venus faire des essayages et prendre leurs repères sur le stade, cela m'a fait un deuxième coup. Voir tous ces athlètes de toutes les délégations sur cette piste. J'ai vu Kevin Mayer faire son 30 m, son test pour savoir s'il pouvait participer au décathlon. Quand j'ai vu sa tête après son test, j'ai compris qu'il n'allait pas concourir le lendemain. Il avait le visage fermé. 

Mais le vendredi matin, quand on sort du stade, quand tu es dans les accès et que tu vois que le stade est déjà plein, ça fait quelque chose. Pendant les 10 jours, cela a toujours été plein. L'ambiance, dès qu'un Français était sur le terrain, c'était de la folie. On était dans le stade et j'avais l'impression que le stade tremblait et vibrait. Et quand Mondo Duplantis bat son record du monde, pendant 10-15 minutes, le stade était en folie. Idem pour des épreuves mythiques comme le 100 m. 

Tu as pu profiter des courses/concours ?

Oui, entre deux courses, forcément. À un moment, je me suis retrouvé juste derrière Armand Duplantis, lors de ses premiers essais de la finale. Je regarde forcément. Idem pour le javelot, j'étais à côté, quand l'athlète Pakistanais (Arshad Nadeem) propulse son jet à 93 mètres. C'est impressionnant. On a pu profiter.

Si tu devais retenir une image de ces JOP ?

C'est le stade tout le temps plein. La ferveur qui était impressionnante. Je n'ai pas entendu de sifflets. Tout s'est très bien placé. 

Tu as eu le temps de profiter de la ville de Paris ?

Sur la demi-journée de repos, j'ai pu voir le marathon. J'étais sur le circuit, au niveau de la Tour Eiffel. Au 38e kilomètre. Je suis grand et il y a les trottoirs. Je voyais super bien. Tu avais sept rangées de personnes. Même le jour de l'épreuve de vélo, le long de l'opéra, c'était au moment de la mise en place. Mais on n'a pas pu rester, mais avant même la course, c'était une folie. 

Tu étais avec d'autres juges charentais. Cela aide de ne pas être seul ?

Oui, j'ai partagé ma chambre avec un Charentais. On pouvait se raconter nos anecdotes de la journée. Michèle, Maryse étaient présentes. On a eu la chance d'avoir des postes intéressants. On a pu profiter de la compétition. On n'était pas en chambre d'appel, dessous. On voit les athlètes de près, mais on ne voit pas la compétition.

 

Vous avez pu échanger avec des athlètes ?

 

Non

 

C'est un regret ?

 

Je ne maitrise pas l'anglais à 100 %. Après, on a vu Auriana Lazraq-Khlass, qui échangeait avec les juges de son département. Ils étaient dans leur bulle et nous, nous n'étions pas au village olympique. On logeait à la Porte de la Chapelle, dans un très bon hôtel. A 3 km du stade. Il y avait des navettes le matin, qui revenaient tard le soir, vers 23h. On pouvait revenir à pied, avec 30 min de marche. Cela faisait de grandes journées pour des juges plus agés, qui restaient attendre les navettes. Nous, nous arrivions à rentrer à 14 heures. Car au stade, tu ne te reposes pas. Il y a tout le temps du bruit. Pendant deux heures, on était tranquilles pour bien récupérer.

Vous avez intégré le village olympique lors des Jeux Paralympiques ?

On a pu manger entre les juges de différentes disciplines. J'ai beaucoup discuté avec un juge d'aviron. Les juges internationaux étaient là aussi.  C'était la première fois que les juges. On a pu échanger avec les athlètes, car on les avait avec nous. J'ai des collègues qui ont pu discuter avec des athlètes qu'ils connaissaient. On a vu la vie dans le village. Ce qui m'a frappé, c'est la solidarité et l'entraide entre les athlètes. Les athlètes qui s'accrochent et qui se guident pour aller de tel lieu à tel lieu. C'est impressionnant. En athlétisme, il n'y a pas d'athlètes avec de très lourds handicaps.

 

Je pense à la boccia où même la natation. Le Brésilien (Gabriel dos Santos Araújo) m'a impressionné. Il nage sans bras. Mais il faut se rendre compte que c'était LA vedette de ces Jeux. Tout le monde voulait prendre une photo avec lui, y compris les autres athlètes. C'est une star. J'ai beaucoup aimé voir le stade plein au début et à la fin. Et même en semaine, il y avait toujours 40 000 spectateurs. Les écoles ont mis beaucoup d'ambiance. Les enfants ont vu les handicaps. Et c'est important.

Propos recueillis par

Etienne GOURSAUD

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